Aller au contenu

Page:Nietzsche - Considérations Inactuelles, II.djvu/65

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

soutenus et élevés. Quels sont ceux qui nous élèvent ? ’ Ce sontces hommes véridiques, ces hommes qui se séparent du règne animal, les philosophes, les qrtistes, les saints. A leur apparition, et par leur apparition, la, nature, qui ne saute jamais, fait son bond unique, et n’est un bond de joie, car elle sent que pour la première j ’ fois elle est arrivée au but, c’est-à-dire là où elle com~ .’i prend qu’il lui faut désapprendre d’avoir des buts et § ê ·· qu’en jouant avec la vie et le devenir elle avait eu affaire à trop forte partie. Cette connaissance la fait s’illu- ’ miner et une douce lassitude du soir — ce que les hom- w mes appellent et beauté » ; repose sur son visage. Main- q tenant, par son air transfiguré, elle veut exprimer le grand éclaircissement sur le sens de l’univers ; et ce que les hommes peuvent désirer de plus haut, c’est de participer sans cesse, en ayant l’oreille aux aguets, à cet éclaircissement. Si quelqu’un songe à ce que Schopenliauer, par exemple, a dû entendre au cours de sa ’ vie, il se dira probablement après coup : « Mes oreilles ’ qui n’entendent pas, mon cerveau ëvide, ma raison hési- ’r tante, mon cœur rétréci, tout ce qui est à moi, hélas, ··’. comme je méprise tout cela ! Ne pas savoir voler, mais seulement voleter I-Voir plus haut que soi-même et ne · pas pouvoir monter jusque-lè l Connaître le chemin qui ’ qppî’, mène à cet immense point de vue du philosophe, s’y être déjà engagé, et retourner en arrière après quelques , , q pas ! Et si le plus ardent de tous les vœux ne se réali- È sait qu’un seul jour, combien volontiers on donnerait en i ’· échange tout les reste de sa vie l Monter aussi haut que jamais personne n’est monté, dans l’air pur des Alpes et des glaces, là où il n’y a plus ni brouillards niinuages, /