gnées viennent s’abattre sur lui. — Il ne faut pas
se laisser induire en erreur sur cet état de cause
par ces fluctuations passagères qui apparaissent
comme la réaction dans la réaction, comme une dépression
momentanée des ondes, dans l’ensemble
du mouvement : il se pourrait donc que cette période
de dix années, avec ses guerres nationales,
son martyre ultramontain et son terrorisme socialiste,
aidât, dans ses contrecoups subtils, à l’épanouissement
du dit art, — sans lui donner par là
la garantie qu’il a « de l’avenir », ou même qu’il a
l’avenir. — Cela tient à l’essence même de l’art, si
les fruits de ses grandes années perdent aussitôt
plus vite leurs saveurs et se gâtent plus vite que
les fruits de l’art plastique ou même ceux qui
croissent sur l’arbre de la connaissance : car de
tous les produits du sens artistique humain, les
idées sont ce qu’il y a de plus durable.
Les poètes ne sont plus des éducateurs. — Bien que cela puisse paraître étrange à notre temps, il y a eu jadis des poètes et des artistes dont l’âme était élevée au-dessus des passions, des luttes et des ravissements de la passion, et qui, à cause de cela, prenaient plaisir à des sujets plus purs, des hommes plus dignes, des enchaînements et des dénouements plus tendres. Si les grands artistes d’aujourd’hui sont le plus souvent des déchaîneurs de volonté, et, par cela même, dans certaines circonstances, des libérateurs de la vie, ceux-ci étaient des dompteurs de volonté, des transformateurs d’animaux, des