L’excessif comme procédé d’art. — Les artistes
savent bien comment on se sert de l’excessif pour
produire l’impression de richesse. C’est là un des
moyens de séduction les plus innocents, à quoi
doivent s’entendre les artistes ; car, dans leur
monde, où l’on vise à l’apparence, les moyens de
l’apparence ne seront pas forcément vrais.
L’orgue de barbarie caché. — Les génies s’entendent
mieux que les talents à cacher leur orgue
de barbarie, parce qu’ils savent se draper dans des
plis plus abondants ; mais, au fond, eux aussi, ne
savent que jouer sans cesse leurs sept morceaux,
toujours les mêmes.
Le nom sur la page de titre. — Il est vrai que c’est maintenant un usage et presque un devoir de mettre sur un livre le nom de son auteur ; mais c’est une des raisons qui fait que les livres portent si peu. Car, s’ils sont bons, ils valent plus que les personnes, étant la quintessence de celles-ci ; mais dès que l’auteur se fait connaître par le titre, le lecteur se plaît à diluer la quintessence par ce qu’il voit de personnel, de plus personnel, et il met ainsi à néant le but du livre. C’est l’orgueil de l’intellect de ne plus paraître individuel.