Page:Nietzsche - Le Gai Savoir, 1901.djvu/113

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de foudre dans la réalité et la connaissance, par le mariage — et encore l’initiateur est-il celui qu’elles doivent le plus aimer et vénérer : surprendre l’amour et la honte en contradiction, devoir sentir en un seul objet le ravissement, le sacrifice, le devoir, la pitié et l’effroi, à cause du voisinage inattendu de Dieu et de la bête, et que sais-je encore ! — On a créé là un enchevêtrement de l’âme qui chercherait son égal ! Même la curiosité apitoyée du connaisseur d’âmes le plus sage ne suffit pas à deviner comment telle ou telle femme sait s’accommoder de cette solution de l’énigme, de cette énigme de solutions, quels épouvantables et multiples soupçons s’éveilleront forcément dans une pauvre âme sortie de ses gonds et comment enfin la dernière philosophie et l’ultime scepticisme de la femme jetteront leur ancre en ce point. — Après c’est le même profond silence qu’avant : et souvent un silence devant soi-même. — Les jeunes femmes tendent avec effort à paraître superficielles et étourdies ; les plus fines d’entre elles simulent une sorte d’effronterie. — Les femmes considèrent volontiers leurs maris comme un point d’interrogation de leur honneur, et leurs enfants comme une apologie et une pénitence, — elles ont besoin des enfants et les souhaitent dans un tout autre sens que ne les souhaite un homme. — En un mot, on ne peut jamais être assez indulgent à l’égard des femmes.

72.

Les mères. — Les animaux pensent autrement