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Page:Nietzsche - Le Gai Savoir, 1901.djvu/354

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suer de bonheur sur lui-même ; ou bien prendre par un bout ses qualités bonnes et « intéressantes » et tirer dessus, jusqu’à ce que l’on ait fait sortir toute la vertu, et que l’on puisse draper le prochain sous les plis de la vertu. Troisième principe : l’autohypnotisation. Fixer l’objet de vos relations comme un bouton de verre jusqu’à ce que, cessant d’éprouver du plaisir ou du déplaisir, l’on se mette à dormir imperceptiblement, que l’on se raidisse, que l’on finisse par avoir du maintien : un moyen domestique emprunté au mariage et à l’amitié, abondamment expérimenté et vanté comme indispensable, mais non encore formulé scientifiquement. Le populaire l’appelle — patience.

365.

L’ermite parle encore une fois. — Nous aussi, nous avons des rapports avec les « hommes », nous aussi nous revêtons humblement le vêtement que l’on sait être le nôtre, que l’on croit nous appartenir, sous lequel on nous vénère et on nous cherche, et nous nous rendons en société, c’est-à-dire parmi des gens déguisés qui ne veulent pas qu’on les dise déguisés ; nous aussi, nous agissons comme tous les masques avisés et nous éconduisons d’une façon polie toute curiosité qui ne concerne pas notre « travestissement ». Mais il y a encore d’autres manières et d’autres trucs pour « hanter » les hommes : par exemple comme fantôme, — ce qui est très recommandable lorsque l’on veut s’en débarrasser rapidement et leur inspirer la terreur. Il n’y a qu’à