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Page:Nizan - Les Chiens de garde (1932).pdf/13

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Intelligence utile au vrai, au faux, à la paix, à la guerre, à la haine, à l’amour. Elle renforce avec une indifférence d’esclave les objets auxquels tour à tour elle consent à s’asservir, la géométrie et les passions de l’amour, la révolution et la stratégie des états-majors. Cette grande vertu est simplement technique. Les gardiens de prison sont aussi intelligents que leurs prisonniers, les vainqueurs que les vaincus. L’intelligence peut servir sans révolte, sans mouvement, sans opération propres, des philosophies de la libération et des sagesses de l’écrasement, des philosophies réactionnaires et des philosophies démocratiques, en ce qui regarde l’existence concrète des humains. Intelligence contre l’homme. Intelligence pour l’homme. Elle n’est qu’un outil longuement compliqué et éprouvé : l’outil seul n’a jamais suffi à définir complètement le métier qui l’emploie ; la herse ne définit pas le travail du paysan. Ce n’est pas cette servante qui permettra de donner des définitions univoques de la Philosophie.

D’autre part, il existe des hommes, les hommes de qui la Notion est l’objet théorique de la Philosophie. Ils comprennent beaucoup plus de variétés qu’elle ne le pense.

Saisissons ici des pensées simples, des pensées immédiates, essentielles et comme primaires qu’on ne saurait trop répéter, de la façon que les maîtres d’école font les quatre règles et l’accord des participes. Ces pensées communes disent qu’il n’y a point Homo faber, Homo artifex et Homo sapiens. Homo economicus et Homo politicus. Homo nooumenon et Homo phenomenon, mais tous ces hommes particuliers qui naissent, qui ont certaines vies, qui engendrent, qui meurent, le manœuvre qui