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NOA NOA

C’est de toutes habitudes fuies et de vieux désespoirs, c’est de haines et d’amours abolies, c’est de mes propres fautes, fanées ! et des torts de chacun, ah ! fanés ! c’est de tout le passé que sont faits les fantômes accroupis aux pierres du nouveau chemin. Jusqu’aux remords vrais, avec des airs, empruntés, de regrets, évoquant les visages aimés, laissés, et leurs larmes ! Jusqu’aux triomphes sanglants, ces gestes de menteuse gloire, et ce qu’il en reste de cicatrices à l’orgueil ! Et la lassitude ! Et les lassitudes ! Et ce dégoût final d’entendre et de voir qui fit qu’en partant on crut s’évader : tout le passé ressuscite à ces dehors connus, usés, caducs, rancis, de fausses joies et de vains labeurs, — ici !

Une ville ! Argent, Bureaux : une ville ! Casernes, Tavernes, Hôpitaux, Prisons : une ville ! Filles : une ville !

Et la sereine antiquité du ciel sur tout cela, du ciel ou j’ai vu luire aux profondeurs le reflet d’un secret perdu, — sur les habitudes, sur les mensonges, sur les turpitudes, ici comme là bas ! — Et, ici comme là bas, j’aurai l’effroi de voir, par les fenêtres du matin, après le jour et la nuit, après la veille et le sommeil, après le lucre et le stupre, des mains de servantes, indolemment, par la fenêtres du matin, dans la me agiter avec les linceuls du jour au de la nuit la poussière des sept péchés.