Page:Noailles - L’Ombre des jours, 1902.djvu/11

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Voici que l’onde calme arrive
Et vient remuer le gravier
Où va plier et dévier
Sa perleuse et douce salive ;
 
C’est comme si des doigts tremblants
Dérangeaient l’ordre de la grève,
Quand l’eau s’abaisse et se relève
En entraînant les cailloux blancs ;
 
Allant et venant sur la pente,
Tous ces luisants cailloux roulés
Font un bruit de petites clés
Sous la molle écume fondante ;

La terre et l’eau se mélangeant
Semblent unir deux lèvres claires :
J’ai soif de cette vague amère
En robe d’azur et d’argent.