Page:Noailles - L’Ombre des jours, 1902.djvu/161

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Ne plus aimer surtout, ah ! c’est surtout cela !
Combien s’en sont allés mettant leur vie en cendres
Pour avoir vraiment bien su cette peine-là
D’être trop vrais, d’être trop sûrs, d’être trop tendres…

— Les yeux, les yeux, ne plus se souvenir des yeux,
Des yeux qu’on a aimés, mauvais comme des pierres ! …
Ces yeux profonds avec des flèches au milieu
Ah ! qu’ils ferment en nous leurs cils et leurs paupières.

— Amour, allez-vous-en pour qu’on puisse mourir,
Puisque aussi bien c’est vous qui nous forcez à vivre,
Allez-vous-en, prenez vos cris et vos désirs…
— La mort ! comme elle éteint la plaie avec son givre !