Page:Noailles - L’Ombre des jours, 1902.djvu/163

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Je vais aller m’asseoir dans le jardin mielleux
Qu’emplit le bruit léger d’une cloche qui tinte,
À l’endroit où s’étend l’ombre du sapin bleu,
En ce soir clair qui fait chaque feuille distincte.

Ah ! comme cette allée endormante me plaît,
Avec ses graviers blancs, sa verdure moelleuse,
Ses calmes fuchsias rouges et violets,
Son pré, ses moucherons et leur ronde sableuse.

Maintenant je le sens, moi dont le cœur est tel
Qu’aucun désir n’y peut demeurer long et grave,
Je garde pour vous seule un désir immortel
Ô beauté des jardins, indolente et suave !

Je le vois, malgré tout ce que les jours m’ont fait,
Malgré cette épuisante et déchirante année
Je me retrouve auprès de vous comme j’étais,
Belle heure déclinante et sage des journées.