Page:Noailles - La Nouvelle Espérance, 1903.djvu/13

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trop long, ou bien le soupir sur tout, si fort…

— Ah ! chère folle, – répondit la jeune fille, en passant son bras derrière les épaules de Sabine et en la tenant comme une chose d’or, avec une main soigneuse, aux doigts doucement repliés, – moi aussi, j’ai de grands plaisirs. Quand j’ai refermé mes livres et mes cahiers, l’air que je respire m’est une récompense. Quelque chose en moi me dit : « Ce que tu avais à faire est fait, va jouer. »

— Oui, reprit Sabine, j’ai senti cela autrefois avant tous les chagrins. Maintenant, je boude…

— Il faut rentrer, s’écria Marie effrayée qui venait de regarder à sa montre. Ma mère doit m’attendre depuis un instant déjà.

Elles se levèrent et se mirent à marcher.

Isolée dans sa voilette, ses fourrures et son manchon, Marie marchait la tête baissée contre le froid, ne parlant plus, comme si l’air dépoli eût fait à son corps un contour de silence et de mort. Et tandis que la jeune fille paraissait ainsi frileuse, protégée et conforme à l’hiver, madame de Fontenay sous un chapeau large, d’