Page:Noailles - La Nouvelle Espérance, 1903.djvu/15

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

et toussante qui prenait froid en montant dans l’air d’hiver ; musique enchaînée qui disait qu’il n’est point d’amour pour les hommes quand la terre est glacée, et quand il n’y a pas d’abri, pas de table et de pain, pas de nuit de lune, tiède et claire comme une chambre, pas de loisirs, pas de divans lourds et de parfums…

Madame de Fontenay pensait à cela, que l’amour n’est point pour les pauvres en hiver, mais pour ceux-là seuls qui, pouvant vivre, ont ce goût de mourir de délire et d’ardeur…

Elle regarda, de ses yeux tristes, Marie. La jeune fille ne percevant pas les pensées de son amie, répondit par un regard de pitié simple et soupira : — Où est ce malheureux, et quelle mauvaise habitude de ne jamais avoir d’argent sur soi.

Elles étaient arrivées maintenant devant la maison que mademoiselle de Fontenay habitait avec sa mère, et qui était à une courte distance de celle de Sabine. Elles se quittèrent en riant, après s’être tenues un peu longuement par les mains tendues.