Page:Noailles - La Nouvelle Espérance, 1903.djvu/42

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Marie agitait des pincettes dans le feu, et la belle bûche rouge et grise éclatait en étincelles.

— À présent, nous sommes bien, fit Sabine.

Et, tandis que Marie s’asseyait, les pieds contre le feu, elle s’étendit sur le long canapé.

— Dieu sait ce qu’ils font en ce moment, les hommes, s’exclama-t-elle. Ils aiment le restaurant, ça les amuse ces plaisirs-là, comme c’est drôle ! On mange plus tranquillement chez soi, et on n’y frôle pas toute la vie des autres. J’aime mieux, – continua-t-elle en s’enfonçant dans ses coussins avec un geste de se protéger et de ne penser qu’à soi, – j’aime mieux ne pas savoir qu’il y a des autres.

— Jérôme et Pierre sont gentils, dit Marie qui regardait le feu et s’intéressait aux mouvements de la bûche qu’elle avait installée.

Sabine répondit négligemment par petits coups :

— Oui… Jérôme n’est pas sympathique… il a une voix délicieuse…

Et paraissant se souvenir brusquement :

— Tu as vu, reprit-elle en riant, comme je lui ai demandé de ne pas fumer, c’était fou de ma part, mais, après, il m’a semblé moins déplaisant.