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LA DOMINATION

portune visite, à obliger le comte et le petit enfant…

Mais, cette nuit, les cheveux en désordre sur le front, le manteau glissé, elle est une Ménade que son ardeur dévêt. Elle regarde d’un net regard, et, dans ses yeux, on voit deux allées, qui s’allongent et se perdent, et disent « Venez, venez, venez… »

Cela est aussi sûr que si c’était en lettres d’or dans ce franc regard. Elle ressemble à une délicate paysanne, et aussi, avec son cou clair et gonflé, à une Amazone gourmande.

Les yeux ont le luisant du scarabée, et les cils ont le velu de la bête des champs.

Sa sensualité est sur sa bouche. Elle sourit et se délecte. Antoine, agacé, voudrait lui enlever ce qui la fait sourire, cette pensée qui la fait sourire, comme il lui arracherait un gâteau des lèvres. Il voudrait lui dire : « Cessez ! » Il la regarde, animal