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LA DOMINATION

insignifiant tant qu’elle n’est point observée, et qui devient lustré, abondant et volontaire si on a deviné son désir, sa lueur d’insecte que l’instinct enflamme et signale aux mâles dans la sombre forêt.

C’est cela qu’elle est, cette fille qui s’habille vite d’une robe rajustée de la comtesse, qui n’a jamais le temps de bien mettre son chapeau parce qu’on crie : « Mademoiselle Tournay, venez vite ! » mais dont tout le corps pense au plaisir, dont les cheveux et les dents pensent au plaisir, qui doit être la maîtresse du comte et de tous ceux qui l’ont voulue, comme elle sera la maîtresse d’Antoine Arnault dans une heure, s’il le souhaite.

Au regard d’Antoine, elle a compris qu’il veut d’elle. L’heure qu’elle attendait est venue. Elle est patiente et n’est pas exigeante, mais comme elle goûte l’instant où l’homme qu’elle a longtemps convoité la