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LA DOMINATION

prendre Donna Marie, la conduire vers la chaise longue, l’étendre, la reposer, la guérir.

Elle la hait, et ne peut que caresser, à cause de cette habitude des soins.

Mais Donna Marie n’est pas assouvie. Chaque fois qu’elle regarde Émilie, elle pense, elle sent : « Il l’a eue. » Ô prestige de la créature que l’amant a pressée ! Mystérieux nuage d’or sur l’ordinaire fille ! Donna Marie est attirée en même temps que rebutée. Elle voudrait questionner, elle voudrait s’asseoir près d’elle et lui dire : « Je vous méprise ; c’est fini. Maintenant, causons. Racontez-moi, racontez-moi… »

Les yeux dans ses mains, elle écouterait les confidences voluptueuses, l’affreuse confession voluptueuse. Et, en même temps, elle dirait à Emilie : « Comment, il a embrassé vos mains larges et moites ? Voyez mes mains… Et quel parfum trouvait-il à