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LA DOMINATION

Voici le printemps, ma joie fait dans l’azur des guirlandes de roses. Je lève les yeux vers un ciel infini, étourdi, et doux, comme l’enfance, quand on avait sept ans, si vous vous rappelez… Mon cœur n’est point tout à fait innocent, Antoine ; j’ai goûté à beaucoup de choses. Ayant toujours été triste et songeuse j’ai abandonné mes mains dans des mains qui tremblaient, j’ai connu près de mes lèvres des soupirs, j’ai recherché la vie et l’évanouissement ; mais à peine touchée par leur rêve, je m’éloignais de ces hommes. Échappée à ce factice amour je redevenais candide… Le matin, dans les clairs ouragans de septembre, chastement enivrée des voix de la nature, je fus la sœur errante du naïf univers.

» Heure matinale, vous me rendîtes humble et fraternelle, quand le lièvre qui passe sur la plaine, comme une lyre est empli de poésie, car son tendre museau froid, ses