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LA DOMINATION

pliquer cet été ? L’été, c’est justement ce qu’on ne peut pas dire ! Les pelouses et le ciel font deux amoureuses haleines. Chaque arbre est content du monde. Dans cette satisfaction infinie le corbeau doucement traverse l’azur. Il n’est plus de voracité : tout baigne et tout chante… Au loin, les hauts blés remués et défaits semblent le lit de Cérès voluptueuse.

» Par des matinées incomparables, je me promène le long d’une fraîche rivière, auprès de l’homme le plus instruit, le plus noblement inspiré… Ce sont de beaux instants, Martin ; je l’écoute, je le vénère, et, involontairement, je touche le fond de son cœur et de ses moyens.

» Ah ! me dis-je, voici donc cet homme illustre dont l’œuvre vingt fois traduite est aussi douce à l’univers que le miel et que la paix ! Son chapeau est trop large pour son front et lui rabat les oreilles… Il ne regarde