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LA DOMINATION

beauté ! » C’est pourquoi je te refuse, Élisabeth !… Allez-vous-en ; fuyez-moi, ma sœur, que j’attire sur mon cœur ; craignez-moi, perle dont la dense lumière m’écrase. Ce que je veux, hélas ! moi qui veux te servir, c’est enchaîner, c’est attrister ton doux empire. La vie plus forte que l’amour, ma vie plus forte que l’amour ! ce que je veux, c’est te dire : « Tu es tout, mais je suis le maître de tout… » Fuis donc ; ne connais du désir que ces songes voluptueux qui, la nuit, dans leur lit étroit, font frissonner les vierges jusqu’aux épaules. Tu es jeune, tu es trop jeune. Si je te dévoile le chemin secret, d’autres courront sur ce divin chemin. Je les vois, ils sont une foule. Oh ! bien-aimée, soupirait-il, — le visage contracté jusqu’à mourir, — que ce soit moi qui conduise tes futurs amants, tes heureux, tes jeunes amants ! Il y a sur la terre des adolescents qui seront beaux et qui du fond de leur destin vien-