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LA NATURE ET L’HOMME


Pour venir contempler la conscience humaine.
Je pensais qu’elle était un lumineux domaine
Où fleurissaient la loi clémente et l’équité.
— J’ai connu que le mal emplissait les cités.
Que l’homme était sévère et dur aux misérables,
Que vos bois de sapins et vos bouquets d’érables,
Vos tiges de froment, d’orge et de sarrasin,
La feuille du figuier vivace et du raisin
Faisaient plus d’ombre à l’âme orgueilleuse et blessée
Que le plaisir, que le travail, que la pensée.
— Et je reviens à vous, apaisante splendeur,
Bénissant votre voix et votre bonne odeur.
saluant vos coteaux, vos plaines nourricières.
Les mousses des sentiers et la douce poussière
Que votre haleine fait voleter sous le ciel.
Voyez de quel désir, de quel amour charnel,
De quel besoin jaloux et vif, de quelle force,
Je respire le goût des champs et des écorces !
— Je vivrai désormais près de vous, contre vous,
Laissant l’herbe couvrir mes mains et mes genoux