Page:Noailles - Le Visage émerveillé, 1904.djvu/142

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» Et je ne sais plus ; Jean m’a embrassée, et je l’ai embrassé. Je le détestais de faire cela, je voulais fuir, mais je me pressais contre lui en disant : « Jean, sauve-moi, sauve-moi. » Et puis je sentais que je n’étais pas jolie, et que, quand on n’est pas jolie, on ne peut pas bien se défendre, parce qu’on veut surtout cacher son visage et embrasser les mains de celui qui nous aime ; et puis Jean est devenu fou, il m’a dit : « Tu me plais plus que ta sœur, tu es timide, tu es silencieuse, tu n’as pas de joie… » Et il me pressait contre lui, il m’a dit des choses qui m’ont fait peur ; j’ai crié, crié comme si on me tuait, et je suis partie. J’ai voulu entrer ici. Depuis j’ai été bien ici ; je ne peux pas me plaindre… »