Page:Noailles - Le Visage émerveillé, 1904.djvu/23

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un avocat, une autre à un officier de marine. Personne ne parlait de la paix, de la méditation, des jardins, de l’amour ; seulement mes livres, et la mère abbesse quand je venais la voir.

Ici, je mène une vie douce et royale. J’ai une robe qui est blanche et bleue. Je suis délicate, on est bon pour moi, on me soigne. J’habite au premier étage du couvent, à l’écart des autres religieuses, une chambre plus large, qui est au midi. Je ne fais rien que rêver et prier. Mes doigts joints, pointus, sont inactifs et doux comme de petits cierges qui brûlent.

J’aime le jardin et la maison. Hier, je caressais de beaux glaïeuls, frais et pressés dans leur haute cosse luisante. Il faisait