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LES ILES BIENHEUREUSES


S’éveiller le matin sous le large éventail
Qu’agite une jeune négresse,
Et voir autour de soi rouler le ciel d’émail
Comme une bleuâtre caresse.

Vivre étendu, joyeux, entre les frais carreaux
Et les stores de cotonnade,
Et pour horloge avoir le tintement des eaux
Qui coulent par fraîches saccades.

Avoir un perroquet, éployant comme un dais
Ses ailes d’azur et d’orange,
Et contempler au loin les voiliers hollandais
Partant au royaume d’Orange.

Être l’hôte ébloui, le maître fabuleux,
De l’or, du parfum, de l’épice,
Se promener et voir errer les homards bleus
Aux rochers de l’île Maurice ;