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MATIN DE PRINTEMPS


Déchaînant son étourderie,
Le vent, trébuchant et dansant,
Éparpille sur la prairie
Ses lambeaux d’air réjouissants.
Le soleil renaît, résolu.
— Que l’air est bon quand il a plu !
Le sol, que l’onde pénétrait,
Délivre ses parfums secrets :
Odeur de résines, de graines,
Fines essences souterraines,
Secs effluves des minéraux…
La vrille du chant d’un oiseau
Fouille le ciel et le perfore.
L’azur est peinturé d’aurore.
Jamais midi n’a tant brillé.
Tout éclate de bonne chance !
Un jardin, respirant, élance
Ses mois arômes vanillés.
Une poule, ivre de jactance.
Lasse, heureuse, les yeux cillés.
Adresse au poudroyant silence
Son long hoquet ensoleillé…