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LE SOLDAT


— Enfant qui n’avais pas, avant le dur fléau,
L’âme prédestinée à un devoir si haut, —

Quand même ta naïve et futile prunelle
N’eût jamais reflété
Qu’un champ d’orge devant la maison paternelle.
Que ta vigne en été,

Quand tu n’aurais perçu de l’énigme du monde
Que le soir étoile,
Quand tu n’aurais empli ta jeune tête ronde
Que d’un livre épelé,

Quand tu n’aurais donné qu’une caresse frêle
À quelque humble beauté,
Se peut-il que tu sois dans la nuit éternelle,
Toi qui avais été !