Certes, rien ne me plaît que tes étés, ô monde !
Ces jours luisants et longs comme un sable d’argent,
Où les yeux éblouis, tendus comme une fronde,
Font jaillir jusqu’aux cieux un regard assiégeant.
Je n’ai rien tant vanté que vos vers, Théocrite !
Je les ai récités à vos temples meurtris,
Aux ombres qu’ont laissées vos cités favorites
Dans le blé blanc, couleur de jasmin et de riz.
Enfant, au bord du lac de saint François de Sales,
Où les coteaux semblaient s’envoler par leurs fleurs,
Tant un azur ailé soulevait les pétales,
J’ai repoussé un mol et langoureux bonheur.
Mon âme, ivre d’espoir, cinglait vers vos rivages,
Platon, Sophocle, Eschyle, honneur divin des Grecs,
Ô maîtres purs et clairs, grands esprits sans nuages,
Marbres vivants, debout dans l’azur calme et sec !
J’ai longtemps comprimé mon cœur mélancolique,
Mais les jours ont passé, j’ai vécu, j’ai souffert,
Et voici que, le front de cendres recouvert,
Je vous bénis, divins poètes romantiques !