Page:Noailles - Les Forces éternelles, 1920.djvu/322

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

AINSI, LORSQUE J’ÉTAIS UNE ENFANT.



Ainsi, lorsque j’étais une enfant qui rêvait,
Par l’azur éblouie et que l’azur étonne,
Lorsque je regardais, grave, petite et bonne.
Le frelon mol et creux flotter sur le duvet
Des chauds géraniums dont le parfum grésille ;
Quand j’étais cette franche, humble petite fille.
Qui donne tout son bien aux pauvres, et qui croit
Qu’un mendiant est Dieu descendu de sa croix,
Et que je saluais lentement, jusqu’à terre,
Ce pauvre ; quand j’étais une enfant solitaire
Qui regardait monter, le cœur plein de sanglots,
La fumée amicale aux toits bruns des hameaux,
Et que, l’âme toujours liée à la nature.
Ayant le doux bonheur d’errer au bord d’un lac.
Je voyais les flots clairs, sémillante froidure,
Se bercer sur la rive ainsi qu’un bleu hamac,