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AINSI, LORSQUE J’ÉTAIS UNE ENFANT…

Tu dépensais déjà tes lascives caresses,
Homme voluptueux, sur de vaines maîtresses,
Qui, ne comprenant rien à ton esprit hautain,
S’étonnaient que tes yeux clierchassent au lointain
La passion unie à de nobles décences !
Et moi, je m’en venais, du fond de mon enfance,
Vers toi ; j’enrichissais mon cœur, fait pour t’échoir.
Des secrets dévoilés que nous livre le soir,
Quand la molle atmosphère, où les parfums s’enlisent,
À l’ample gravité rêveuse des églises.
— Et je songe aujourd’hui, avec un doux effroi.
Que ce jardin plus clair que de fraîches faïences.
Cette pudique odeur de la nuit dans les bois.
Cette ivre charité, cette sainte innocence,
Ces poétiques dons du sort tendre et courtois,
Homme passionné, me conduisaient vers toi !