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14 JUILLET 1919


N’est pas le seul reflet de l’âme satisfaite
Qui connut les travaux indicibles, et vient
À cette heure de joie et de douleur parfaites
Recueillir un laurier dont l’éther se souvient !

Un sensible ouragan s’épand sur ces visages,
On sent vivre sur eux d’invisibles secrets,
Ils semblent tout couverts de profonds paysages :
Celui qui les vit naître et ceux où l’on mourait.

La France est tout entière au creux de ces épaules
Qui l’ont portée ainsi qu’un joug ferme et serein :
La terre de l’olive et la terre des saules,
Les baumes de la Loire et les torrents du Rhin,

La plaine où la chaleur exalte le genièvre,
Les monts où les sapins font un ciel résineux.
Ont envahi leurs fronts, leurs genoux et leurs lèvres :
C’est la France et ses morts qui respirent sur eux !

C’est la France et ses morts qui s’avance et qui passe
Sous l’Arc qui vient restreindre un sort illimité.
Mais la gloire et les pleurs vont rejoindre l’espace
Et relier aux cieux leur noble éternité…