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VOUS EMPLISSEZ MA VIE


Nous ne serons jamais une seule momie

Sous l’antique désert et les palmiers heureux…

Mallarmé.

Vous emplissez ma vie et vous êtes ailleurs,
Votre esprit loin du mien voit se lever l’aurore ;
Vous êtes tout mêlé au monde extérieur,
Quand je ne l’entends plus, votre voix parle encore.

Mon cœur à votre cœur toujours communicant,
Se représente avec un dévorant délice
Le pain qui vous nourrit, l’eau vous désaltérant,
L’air que vous respirez, et qui seul m’est propice.

Mon cœur toujours tendu et prolongé vers vous
Ressemble par l’effort à ces rades marines
Qui jettent sur les flots un bras triste et jaloux
Vers les dansants vaisseaux qu’entraînent les ondines.