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Page:Noailles - Les Vivants et les Morts, 1913.djvu/129

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syracuse


Je sais que tout l’espace est empli du courage
Qu’exhalèrent les Grecs aux genoux bondissants ;
Les chauds rayons des nuits, la vapeur des nuages
Sont faits avec leur voix, leurs regards et leur sang.

Je sais que des soldats, du haut des promontoires,
Chantant des vers sacrés et saluant le sort,
Se jetaient en riant aux gouffres de la mort
Pour retomber vivants dans la sublime Histoire !

Ainsi ma nuit passait. L’ache, l’anet crépu
Répandaient leurs senteurs. Je regardais la rade ;
La paix régnait partout où courut Alcibiade,
Mais, — noble obsession des âges révolus, —
L’éther semblait empli de ce qui n’était plus…

J’entendis sonner l’heure au noir couvent des Carmes.
L’espace regorgeait d’un parfum d’orangers,
J’écoutais dans les airs un vague appel aux armes…
— Et le pouvoir des nuits se mit à propager
L’amoureuse espérance et ses divins dangers :

Ô désir du désir, du hasard et des larmes !