Page:Noailles - Les Vivants et les Morts, 1913.djvu/276

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MON DIEU, JE SAIS QU’IL FAUT…


Mon Dieu, je sais qu’il faut accepter la détresse,
Qu’il faut, dans la douleur, descendre jusqu’en bas,
Mais, dans ce labyrinthe où votre main nous presse,
Puisque vous êtes bon, ne se pourrait-il pas
Que nous entrevoyions du moins la claire issue
Que déjà votre main prépare doucement,
Et qu’un peu de lumière, au lointain aperçue,
Nous aide à supporter ce ténébreux moment ?

Pourquoi nos maux sont-ils si compacts et si denses
Qu’on semble enseveli dans un obscur caveau ?
D’où vient cette funèbre et perfide abondance
Qui submerge le cœur et trouble le cerveau ?

Pourtant, les lendemains sont quelquefois si tendres,
On revoit les regards que l’on n’espérait plus.
Mais le bonheur fait mal quand il faut trop l’attendre,
Être sauvés enfin, ce n’est plus être élus.