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Page:Noailles - Les Vivants et les Morts, 1913.djvu/310

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Ô DIEU MYSTÉRIEUX…


Ô Dieu mystérieux qui n’aimez pas les êtres,
Qui les avez jetés, pleins d’amour et d’espoir,
Dans un monde où jamais rien de vous ne pénètre
Pour rassurer leurs jours, pour éclairer leurs soirs,

Peut-être n’avez-vous de soucis paternels
Que pour les verdoyants et calmes paysages,
Qui sont comblés d’azur, d’allégresse, de miel,
Et d’un apaisement que n’ont pas les visages ?

— Les jeux des papillons, des oiseaux, des zéphirs,
Une branche qu’un flot de soleil ploie et marque,
Font bouger l’horizon, que l’on croit voir frémir
Comme une frêle tente au-dessus d’une barque.

Se joignant dans un net et décisif amour,
Le cristal bleu de l’air et la lente colline
Allongent leur unique et mutuel contour
Dans la molle atmosphère, assoupie et câline.