Page:Noailles - Les Vivants et les Morts, 1913.djvu/311

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Les rameaux délicats et gommeux des sapins,
S’offrant, se refusant aux brises qui les pressent,
Et grésillant ainsi qu’un tison argentin,
Emplissent l’air de leurs parcelles de caresses :

Caresse étincelante, hésitante et sans fin,
Qui ne se lasse pas, et, toute une journée,
Imite sur l’azur éblouissant et fin
L’élan d’une âme active et toujours enchaînée.

Des papillons s’en vont comme des messagers
De la pelouse à l’arbre et de l’arbre à la nue,
Et leur vol oscillant tâche de s’alléger
De l’importune ardeur à leurs flancs retenue.

Tout est heureux parmi ce ploiement des rameaux ;
Dans le lointain, un chien impétueux aboie ;
Un train coule, rapide et lisse comme une eau ;
Et partout c’est la joie : antique et neuve joie !

— Ah ! puisque vous n’étiez, Dieu des cieux enivrés,
Qu’un Sultan amoureux des jardins et des arbres,
Qui, la nuit, contemplez les bleus poissons nacrés
Que la lune nourrit dans son bassin de marbre,