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Page:Noailles - Les Vivants et les Morts, 1913.djvu/335

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LA NUIT RAPPROCHE MIEUX…


Et nous nous regardons tous les deux fixement,
Elle qui brille et moi qui souffre.
V. Hugo.

La nuit rapproche mieux les vivants et les morts ;
Dans l’ombre unie et calme où la fraîcheur s’élance
Voici l’heure du rêve épars et du silence.
À l’horizon s’installe, exacte et sans effort,
La lune demi-ronde, amenant autour d’elle
Son cortège glacé, scintillant et fidèle,
Semblable aux feux légers dispersés dans les ports.
Comme une blanche algèbre, énigmatique et triste,
Cette géométrie insondable persiste,
Et fait des cieux du soir un problème éternel…
Mais rien ne vient répondre à nos pressants appels ;
Tout trompe nos regards assurés et débiles,
Les cieux précipités qui semblent immobiles,