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je t’aime et cependant…

Pour pouvoir vivre encore, sans gémir dans l’extase
Que tu sois ce parfum et que tu sois ce vase ;
Pour respirer un peu, sans que le jour et l’air
M’assaillent de tes yeux plus brisants que la mer ;
J’ai fait ce mal pour mieux pouvoir, dans mon refuge,
Scruter le fond soumis de mon cœur qui te juge,
Car moi qui te voulais enchaîné dans les rangs,
Courbé comme un captif sous les yeux du tyran,
Je presse dans mes mains, si hautaines, si graves,
Tes pieds humbles et doux qui sont tes deux esclaves…