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Page:Noailles - Les Vivants et les Morts, 1913.djvu/86

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les soldats sur la route…


La tristesse d’aimer sous les cieux s’étalait,
Non faible, mais robuste, apaisée, acceptante ;
Et je posais sur toi, chère âme humble et tentante,
Mes yeux où le pouvoir humain s’accumulait.

Et lentement je vis dans tes yeux apparaître
Le poison de mon rêve, en ton âme injecté.
Les clairons s’éloignaient dans la brume champêtre,
De tout l’or du soir, seul mon cœur t’était resté.
Je consolais en toi ton destin, irrité
De n’être pas la cible où tout frappe et pénètre
Pour quelque vague, immense, âpre immortalité…

— Mais que peut-on, hélas ! un être pour l’autre être,
En dehors de la volupté ?