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Page:Noailles - Les Vivants et les Morts, 1913.djvu/87

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LA TEMPÊTE


« La passion n’est que le pressentiment de la volupté. »
Lucrèce.

À qui m’adresserai-je en ces jours misérables
Où, le cœur submergé par un puissant dégoût,
J’entends autour de moi l’hallucinant remous
D’une énergique voix qu’on sent infatigable ?

Elle dit, cette voix : « Je suis la volupté ;
« Comme fit le passé, l’avenir me consulte ;
« Aux heures de repos pensif ou de tumulte
« C’est par moi que le cœur croit à l’éternité !

« Un homme est orgueilleux quand il a du courage,
« Mais on ne peut pas être héroïque avec moi.
« Les vaisseaux, les chemins, les rêves, les voyages
« Amènent l’univers suppliant sous ma loi.