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LA PASSION


Lorsque, semblable au vent qui flagelle les monts,
Notre esprit plein d’ardeur indomptable et sublime,
Bondit soudain plus haut que d’invisibles cimes,
Et descend jusqu’aux pieds de ceux que nous aimons ;

Quand un front nous paraît si chaud dans les ténèbres,
Qu’enivrés des rayons qui nous viennent de lui,
Nous pourrions à jamais, loin du jour qui reluit,
Vivre contents parmi des tentures funèbres,

Nous ne pouvons pas croire à ces calmes moments,
À ces froids lendemains, monotones, paisibles,
Qui reviennent toujours, d’une marche insensible,
Recouvrir la douleur et les emportements.