Vous êtes ce subit joueur de tambourin
À qui les montagnes répondent,
Et dont le chant nombreux anime sur le Rhin
La vive effusion de l’onde !
Vous êtes le pollen des hêtres et des lis,
L’amoureuse et vaste espérance,
Et les brûlants soupirs que les nuits d’Éleusis
Ont légués à l’Île-de-France !
C’est à moi que ce soir vous livrez le secret
De votre grâce turbulente ;
Les autres ne verront que l’essor calme et frais
De votre croissance si lente.
Les autres ne verront, — Alsace aux molles eaux
Qu’un zéphyr moite endort et creuse, —
Que vos étangs gisants, qui frappent de roseaux
Votre dignité langoureuse !
Les autres ne verront que vos remparts brisés,
Que vos portes toujours ouvertes,
Où passe sans répit, sous un masque apaisé,
Le tumulte des brises vertes !
Les autres ne verront, ô ma belle cité,
Que la grave et sombre paupière
De tes toits inclinés, qui font à ta fierté
Un voile d’ombre et de prière.
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