Page:Noailles - Les innocentes, ou La sagesse des femmes, 1923.djvu/216

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quotidienne qui avait la solennelle et méthodique splendeur d’une grande pompe religieuse. Enfin, le puissant soleil s’abîmait tout entier dans la mer, qui le contenait un instant, s’enflammait de lui, puis reprenait sa sereine nuance, lentement assombrie. Le soleil disparu, nous nous taisions encore, pour honorer l’âme invisible et le secret écho de l’astre magnifique, comme dans ces salles de concert où viennent de s’élancer les derniers chants d’un oratorio, dont l’évanouissement emplit encore l’assistance de respect. Et puis, rompant ce commun silence, le prêtre au pur visage, élevant peu à peu la voix, louait la nature, sa prodigue et régulière splendeur.

La chasteté d’une telle existence, vouée à la contemplation dans un décor dont la magie était plus aiguë et pressante conseillère que le serpent même dans les bosquets du paradis, donnait au cœur matière à rêver longuement.

Pour apprécier la qualité de noblesse et de sévérité qu’offrait le caractère de ce prêtre, il faut, en effet, se bien souvenir de ces soirs italiens, mêlés déjà d’Ionie : soirs exaltants par la piquante allégresse marine, et amollissants par les tièdes bouffées de la terre, — car, depuis les odorants gazons imbibés d’essences vives, jusqu’au dôme brasillant des nuits, aussi comblé d’odeur que