Page:Noailles - Passions et vanités, 1926.djvu/66

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dessus d’un large sourire campagnard aux dents abîmées, vous étiez plus accueillants et plus rassurants par vos baies étroites où s’entassait comme une récolte serrée la puissance miraculeuse des cœurs dévoués, que les splendides maisons des villes, à l’heure nocturne où toutes leurs fenêtres répandent une clarté qui défie le jour ! — Bonnes religieuses, heureuses à force de vertu, et, qui, bien qu’épaisses et sans grâce, étinceliez dans votre couvent autant que la pâquerette ravie sur sa touffe d’herbe matinale, vous ne connaissiez qu’un moment bien pénible, c’est quand nous vous tendions, en prenant congé de vous, notre poignée de main d’enfants respectueux. Votre embarras épouvanté, qui nous troublait fort, avait des raisons profondes ; vous étant données à Dieu un jour et pour toujours, et dans un ouragan d’anéantissement, vous ne saviez plus au juste ce dont vous pouviez disposer encore, et certes vos mains, vos robustes et timides mains dissimulées dans vos larges manches en sombre lainage