Page:Noailles - Passions et vanités, 1926.djvu/67

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franciscain, vous semblaient réservées à seul maître, et ne pas devoir être un lien de complicité avec le monde. Et puis, chères et saintes filles, nous étions à vos yeux des enfants de riches, et, — je vous en demande pardon, — vous nous considériez avec déférence. Votre spontanée et ferme humilité se réjouissait de tous les obstacles, de toutes les distances ; vous contempliez ces distances avec béatitude, vous choisissiez de vous maintenir à la dernière place, ô vous à qui je n’apportais rien qui vous fût profitable, et qui, en échange, m’avez donné un long rayon de poésie…

Tandis que nous causions avec l’une des religieuses, le jardin du cloître s’animait. Un vieillard mendiant arrivait sur ses béquilles, sans fausse honte, se sachant attendu et apprécié chez les sœurs. Il s’asseyait sur un banc de bois, parmi les fleurs, dans une portion de monastère bocager où se fût complu l’ange de l’Annonciation, et qu’embaumait la molle odeur vanillée des pétunias. Il prenait des mains d’une des reli-