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CLIII


Il faudra bien pourtant que le jour vienne, un jour,
              Où je ne pourrai plus t’aimer,
Où mon cœur sera dur, mon esprit sombre et sourd,
              Ma main froide et mes yeux fermés !

Cet inutile effort pour ne pas te quitter,
              Ce vain espoir de vivre encor,
L’horreur de déserter ma place à ton côté,
              C’est cela, rien d’autre, la mort !

— Ce n’est plus cette angoisse et ce scandale altier
              De sombrer dans un noir séjour,
De ne plus se sentir robuste et de moitié
              Dans tous les mouvements du jour !