CHAPITRE VII
n jour vient où le malheur entre dans la
maison. Nous étions de très petits enfants,
heureux à Amphion, en octobre. Ce mois de
cristal est le plus beau qui soit au bord du lac
Léman. L’été finissant traîne ses caresses ensoleillées
sur les prairies encore en fleur et qui soupirent
de satisfaction. Les rayons plus vifs du
matin amollissent l’onde en sa profondeur jusqu’à
tenir oppressée et immobile la vive et preste truite.
Les oiseaux, pris de vertige, tournoient sans
discernement, dans une confusion bleuâtre, se
trompent d’élément, pénètrent les vagues, d’où ils
rejaillissent, si bien qu’on croit voir une hirondelle
qui nage ou une ablette ailée. En ces matins
d’octobre, l’absence de baigneurs rendait à la
navigation industrieuse les bateliers tous enrôlés, en
été, dans le service des sources ou du port mouve-