Page:Nodier - Ackermann - Vocabulaire de la langue française.djvu/7

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elles, une synérèse grecque à la diffusion analytique, mais verbeuse et languissante , de notre langue descriptive. La méthode scientifique parla grec, et elle aurait peut-être bien fait si elle s’était renfermée dans les attributions de la méthode. La part du grec en français se compose donc , en premier lieu, de ce qui nous en a été transmis par le latin, etc. ; secondement, de ce qui nous en a été imposé par l’érudition ; car il serait absurde au dernier degré d’attribuer sa large invasion à l’influence progressive de quelques colonies, qui n’ont jamais agi que fort médiocrement sur la langue nationale. Ceci nous conduit à des influences plus immédiates, plus prolongées, plus incontestables : celles de ta langue autochthone de la Bretagne sur l’Ouest, du néerlandais sur le Nord, du basque sur le Midi pyrénéen, du vieil allobroge sur nos Alpes ^ orientales. Et il faudra bien laisser une part à des possessions quelquefois séculaires, comme celle des Anglais dans une partie de nos provinces, des Allemands en Lorraine, des Espagnols en Franche-Comté. Convenons maintenant qu’il n’est donné à personne de qjébrouîller ce fatras savant d’origines et de dérivations, tirées plus ou moins hasardeusement du celte de l’Armorique, et du prétendu punique de la Biscaye ; et puis du roman , de Titalien , du latin , au grec ; et puis peut-être de lnébreu , comme le pensaient Guichart, Bergier, Thomassin ; ou du sanskrit, comme plusieurs savants ne sont pas loin de le penser aujourd’hui ; et puis enfin de ia langue primitive quand on la trouvera, si Court de Gébeïin ne la pas trouvée. Il n’y a pas un de ces systèmes qui n’ait eu ses partisans ; et, ce qu il y a de singulier, c’est qu’il n’y en a pas un qui ne leur ait fourni des inductions extrêmement spécieuses. Nous en dirons la raison en peu de mots : C’est que les langues qui vieillissent sont composées comme le vaisseau d’Egée, ou, pour nous servir d’une comparaison beaucoup moins ambitieuse, comme l’habit d’Arlequin. Il n’y a donc point de système étymologique qui ne repose sur un certain nombre de faits très-véri tables ; mais, par la même raison, il n’y a point de système absolu, point de système exclusif en étymologîe qui ne soit essentiellement absurde. On ne connaît aucune langue qui f>rocède tout entière d’une autre ; et cela ne pourrait pas même se dire de ’italien relativement au latin, quoiqu’il n’y ait point de filiation mieux établie. Cela serait encore beaucoup moins vrai du français, dans la promiscuité de ses nations et de SCS dialectes.

Les nécessités de VÉtymologie, appliquées au dictionnaire de la langue, ne demandent pas d’ailleurs des recherches si savantes. Pour l’homme qui veut parler rationnellement, et se rendre un compte exact de la valeur de sa parole, il suffît de savoir d’où elle dérive en dernier lieu, et ce qu’elle a exprimé dans le langage quand elle y a. été introduite. Quant à la poursuivre d origine en origine, jusqu’au moment où l’investigation s’arrête devant une difficulté insoluble, c’est une œuvre d’érudition et souvent de fantaisie qui n’a rien de commun avec la prise de possession d’une langue donnée. Terre vient de Terra, Ciel vient de Ccdutn, voilà le fait étymologique. D’où viennent Ccdum et Terra ? c’est une question d’étymologie latine, et quand celle-là sera résolue en latin, elle ne se reproduira que dans la langue antérieure qui en a fourni les radicaux. L’étymologie essentielle dans le Vocabulaire, c’est Xérymologie immédiate. La seule objection à faire à ce principe se ferait au nom du roman, qui est, à la vérité, un dialecte intermédiaire enjre le latir < ;t les langues qu’on appel h néo-latines ; mais le roman, c’est déjà du français r et de l’excellent français, à lage de formation. UEtymologie immédiate, comme nous l’avons comprise, serait trop immédiate si elle ne s’appuyait sur une langue exacte et fixée. Cette théorie qu’il a fallu éclaircir, et qui laisse de côté une multitude d’étymologies douteuses ou arbitraires, se développera mieux dans ses applications ; et nous croyons fermement qu’elle ne perdra rien à être comparée, sous l«  rapport de l’exactitude et de l’utilité, au système étymologique des anciens Vocabulaires.

DE LA PRONONCIATION.

Si Y Étyntologie réduite, comme elle doit l’être dans le dictionnaire de ia langue usuelle, à la dernière origine du mot ; si le radical exprimé, pour