Page:Nodier - Smarra ou les démons de la nuit, 1822.djvu/74

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des paillettes de ses broderies dans les allées des jardins de Larisse ! Quand elle passait, vois-tu, tous les nuages rougissoient comme à l’approche de la tempête ; mes oreilles siffloient, mes prunelles s’obscurcissoient dans leur orbite égarée, mon cœur étoit près de s’anéantir sous le poids d’une intolérable joie. Elle étoit là ! je saluois les ombres qui avoient flotté sur elle, j’aspirois l’air qui l’avoit touchée ; je disois à tous les arbres des rivages : avez-vous vu Méroé ? Si elle s’étoit couchée sur un banc de fleurs, avec quel amour jaloux je recueillois les fleurs que son corps avoit froissées, les losanges imbibés de carmin qui décorent le front