Page:Nodier - Trésor-des-Fèves et Fleur-des-Pois, 1894.djvu/68

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distinctement en effet qu'il commençait à passer d'une adolescence robuste à une jeunesse virile. Ce phénomène le travaillait un peu, quand une riche pendule, placée entre deux trumeaux, lui permit de l'éclaircir à son grand regret ; une des aiguilles marquoit le quantième des années, et trésor des fèves s'aperçut, à n'en pas douter, qu'il avoit réellement vieilli de six ans.

− Six ans ! s'écria-t-il, malheur à moi ! Mes pauvres parents sont morts de vieillesse et peut-être de besoin ! peut−être, hélas ! sont-ils morts de la douleur de ma perte ! Et qu'auront-ils pensé, en mourant, de mon cruel abandon ou de ma pitoyable infortune ? Je comprends, calèche maudite, que tu fasses bien du chemin, car tu dévores bien des jours dans tes minutes ! Partez donc, partez donc, pois chiche ! continua-t-il en tirant le pois chiche de sa bougette, et en le lançant par la fenêtre. Allez si loin, damné de pois chiche, que l'on