Page:Nodier - Trésor-des-Fèves et Fleur-des-Pois, 1894.djvu/7

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

coin, sous les touffes les plus drues, un petit paquet fort bien troussé qui contenait un superbe garçon de huit à dix mois, comme il paraissoit à son air, mais qui avait bien deux ans pour la raison, car il était déjà sevré. Tant il y a qu'il ne fit point de façons pour accepter des fèves bouillies qu'il porta aussitôt à sa bouche d'une manière fort délicate. Quand le vieux fut arrivé du bout de son champ aux acclamations de la vieille, et qu'il eut regardé à son tour le bel enfant que le bon Dieu leur donnait, le vieux et la vieille se mirent à s'embrasser en pleurant de joie ; et puis ils firent hâte de regagner la chaumine, parce que le serein qui tombait pouvait nuire à leur garçon.

Une fois qu'ils furent rendus au coin de l'âtre, ce fut bien un autre contentement, car le petit leur tendait les bras avec des rires charmants, et les appelait maman et papa comme s'il ne s'en était jamais connu