En Angleterre, les destins du romantisme ont été exactement l’opposé de ceux qu’il a eus en France. Si les Français avaient surtout et même exclusivement emprunté au romantisme allemand, comme modèles, l’émigration hors de la réalité et la proclamation du droit souverain de la passion, les Anglais en développèrent non moins exclusivement les éléments catholico-mystiques. Pour eux, le moyen âge avait un puissant attrait, par cela seul qu’il était l’époque de la foi enfantine, de l’enivrement des simples d’esprit dans le commerce personnel avec la Sainte Trinité, la Sainte Vierge et tous les saints tutélaires.
Commerce, industrie et civilisation n’avaient jamais été développés nulle part au monde comme en Angleterre ; nulle part on n’avait autant travaillé, nulle part on n’avait vécu dans des conditions aussi artificielles. L’état de dégénérescence et d’épuisement que nous observons aujourd’hui dans tous les pays civilisés, comme suite de ce surmenage, devait pour ce motif apparaître en Angleterre plus tôt qu’ailleurs, et il s’y manifeste effectivement avec une violence croissante dès 1830 et 1840. Mais l’émotivité de dégénérescence et d’épuisement devait revêtir là, nécessairement, par suite des particularités du peuple anglais, une couleur religieuse.
Le peuple anglo-saxon est de sa nature un peuple sain et d’esprit solide, et il possède par cela même à un haut degré le besoin de connaissance propre à l’homme normal vigoureux. Il a de tout temps recherché le « pourquoi » et le « comment » des phénomènes, et témoigné une reconnaissance et un intérêt passionnés à ceux qui lui ont promis des renseignements sur ce sujet. Tous les écrivains qui se